On le sait, le numérique n’est pas une solution miracle dans l'univers de la musique et pour certains, pourrait presque être un danger.
Ainsi, pour le directeur de Média Cités, l’industrie numérique prototype la création. Par exemple, il y a quelques années, lorsque la musique « dance » connaissait un grand succès, le rythme de tous les morceaux était de 90 bits par minute. Cela s’explique par le fait que le logiciel proposait ce rythme par défaut et que les gens ne savaient pas le modifier !
L'adaptation du numérique aux musiciens
Le numérique pose donc des difficultés (machines chères, logiciels rapidement obsolètes) et tout le monde s’accorde pour dire qu’il est extrêmement difficile pour les artistes de vivre de leurs œuvres, et cela, pour plusieurs raisons : marché très étroit pour ce type d’œuvre, frilosité des pouvoirs publics et des galeries, désertion des industriels ( nous sommes ainsi très en retard sur nos voisins allemands car la vision française est de penser que lorsqu’il y a finance privée, ce n’est plus de l’art).
Ce qu’il faudrait ? Pour certains musiciens professionnels on manque de lieux de rencontre entre les artistes, de lieux de fabrication, de démonstration et de médiation.
Anolga Rodionoff, maître de conférence à l’Université Paris VIII partage cet avis et insiste sur le besoin d’équipements dans des espaces collectifs, afin que les artistes, pianistes, violonistes, chanteurs... puissent travailler en commun et mutualiser le matériel.
On le voit donc, si aujourd’hui l’art numérique comme le livre électronique se singularise par le fait que le créateur est seul chez lui, il semble nécessaire qu’il se tourne vers une démarche plus collective.
Il est donc important de ne pas confondre industrialisation de la diffusion et démocratisation. En clair, ce n’est pas parce que l’on a accès à quelque chose que l’on peut se l’approprier. Il apparaît donc nécessaire que les artistes et musiciens s’approprient leurs moyens de production pour pouvoir s’en détourner.